Doit-on chercher à tout quantifier ? | Lausanne #19
- Yann Costa
- 14 avr.
- 2 min de lecture
Dans une société gouvernée par les chiffres, la mesure est-elle devenue notre seul langage ? Dès les premières interventions, l’enjeu s’est dessiné : nous avons besoin de critères quantitatifs pour évaluer, classer, comparer. Mais cette tendance à tout mesurer n’engendre-t-elle pas une perte de sens ?
Un exemple marquant a été celui du professeur, juge de la qualité d’un élève. Peut-on vraiment réduire cette évaluation à une note ? Certains participants ont proposé une alternative : l’appréciation, une forme d’intuition nourrie d’expérience. Cela a ouvert le débat sur le vocabulaire même de la mesure : qu’appelle-t-on mesurable ? Et en quoi cela diffère-t-il de ce qui est simplement quantifiable ?
Un point de tension est apparu : une fois que l’on quantifie quelque chose, on en oriente forcément la signification. On ne parle plus de la même manière d’un « bon attaquant » en football si l’on s’en tient aux chiffres. Ainsi, la mesure, loin d’être un miroir objectif du réel, devient un intermédiaire — elle donne une illusion de neutralité, alors qu’elle dépend toujours d’un cadre interprétatif.
La discussion a oscillé entre deux pôles : d’un côté, la nécessité de quantifier pour prendre des décisions, justifier des choix, ou traiter un grand volume de données. De l’autre, la reconnaissance de nos limites : l’intuition — ce que certains appellent le bon sens — peut être court-circuitée par une surabondance d’indicateurs.
Enfin, la position la plus partagée fut sans doute celle-ci : il ne s’agit pas de rejeter la quantification, mais de rester capable d’en interroger le sens. Car si la quantification peut se présenter comme neutre, elle influence inévitablement les jugements qu’elle permet de formuler.
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