La souffrance est-elle nécessaire ? | Lausanne #19
- Yann Costa
- 27 mai
- 1 min de lecture
Peut-on vivre sans souffrir ? La question semble absurde, tant la souffrance paraît enracinée dans toute existence. Et pourtant, elle n’en demeure pas moins dérangeante : si nous pouvions effacer toute souffrance par un simple médicament, le prendrions-nous ?
Autour de cette hypothèse, le débat s’est ouvert sur une distinction : souffrance physique et souffrance psychique. Alors que la douleur peut être localisée, la souffrance, elle, est un déséquilibre intérieur, une dissonance entre ce que nous sommes et ce que nous vivons. Elle interroge notre rapport au réel, à nous-mêmes, aux autres. D’où l’idée que la souffrance n’est pas un simple mal, mais une réaction affective à un écart.
Certains participants ont rappelé que les figures qu’ils admirent ont toutes traversé la souffrance — comme si celle-ci était le prix à payer pour atteindre une forme de vérité, d’authenticité, ou de grandeur. Mais cela suffit-il à la rendre « nécessaire » ? Une autre voix a insisté : la souffrance peut être utile, mais elle n’est pas en soi souhaitable.
Le débat a touché à ce paradoxe : nous cherchons à éviter la souffrance, tout en reconnaissant qu’elle est un révélateur. Un signal de ce qui ne va pas, une alarme intérieure. Comme le doute, elle n’est pas une fin en soi, mais une étape. On peut souffrir de manière stérile ou en faire une ressource. C’est là que se joue peut-être la véritable nécessité de la souffrance : non dans son existence, mais dans la manière dont on l'accueille. Dès lors, ce n’est pas tant la souffrance qu’il faudrait aimer, mais la lucidité qu’elle rend possible.
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