Il nous incombe aujourd’hui de tout respecter : les gens, le matériel, la loi, les coutumes, les traditions, les opinions de chacun, etc. Mais si tout est digne de respect, alors c’est le respect lui-même qu’on ne respecte plus, nous dit un participant frustré par ce terme qui est au mieux un terme générique et au pire, une coquille vide. Fouillons un peu.
Commençons par distinguer le respect de la politesse : alors que la politesse semble s’intéresser uniquement à la forme, le respect, lui, nous paraît résider dans le fond de nos propos. Ainsi, nous pouvons tenir des propos irrespectueux sur un ton poli, et inversement.
Reste qu’on n’a toujours pas défini le respect. Deux approches différentes se dessinent :
La première, plus passive, envisage le respect sous l’angle de la tolérance. Respecter autrui reviendrait à le laisser être tel qu'il est, ce qui implique l'établissement de limites à ne pas franchir. Les fameuses “barrières” de la question initiale.
La seconde, plus active, considère que le respect consiste à “accompagner l’autre dans son sens”, agir dans son intérêt, en somme. En laissant place à une forme d’intervention dans la vie de l’autre, cette définition du respect s'inscrit davantage dans une perspective de relation. Les fameux “liens” de la question initiale.
Mais il existe une option intermédiaire qu’un participant nous présente à l’aide d’un exemple : “lors d’un voyage d’affaires, j’ai appris que les Japonais remettent leur carte de visite en la tenant avec les deux mains. Donner sa carte avec une seule main peut être très mal pris. En m'informant à ce sujet avant de m'y rendre, j'ai pu manifester du respect envers les Japonais.” Selon lui, le respect consiste à reconnaître l'autre tel qu'il est, puis à agir avec bienveillance. Pour faire simple : respect = considération + bienveillance.
La sacralisation du respect découlerait de notre besoin de reconnaissance : en considérant autrui, nous espérons qu'il nous considérera en retour. Une participante nous met toutefois en garde contre le risque de sacraliser exagérément les sensibilités : si la notion de respect s’abaisse à l’abstention de blesser l’autre, alors ce n’est plus des barrières qu’il érigera entre les individus, mais des bien des murs infranchissables.
Comments