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Photo du rédacteurYann Costa

Peut-on vraiment vivre l'instant présent ? | Lausanne #14

Le questionnement s’ouvre sur un paradoxe fondamental : bien que nous vivions constamment dans le présent, cet « instant » semble insaisissable dans toute son épaisseur.


Il y a comme une dissonance permanente entre le corps, ancré dans le moment, et la conscience, qui par le jeu du mental, nous projette sans cesse ailleurs — dans le passé de nos souvenirs ou dans l’avenir de nos anticipations.


Même lorsque nous tentons d’appréhender pleinement l’instant présent, il nous échappe, toujours médiatisé par le prisme de nos expériences passées ou de nos attentes futures.


« Mais lorsque nous revisitons le passé ou redoutons l’avenir, cela se fait toujours dans le présent », fait remarquer une participante. Cette réflexion nous invite à reconsidérer la nature du présent : il n’est pas un lieu que l’on atteint, mais une condition inévitable de notre existence. Pourtant, vivre pleinement cet instant semble impliquer une forme de connexion totale à ce qui est, une immersion complète dans l’ici et le maintenant.


Un autre participant évoque les émotions fortes, comme la peur, qui abolissent toute dispersion mentale : « Quand je pratique la boxe, je suis totalement ancré dans le présent, car l’enjeu de ne pas l’être est trop élevé. »


La discussion s’oriente alors vers le concept de distraction, perçu comme un obstacle majeur à cette immersion. La distraction n’est pas seulement un mouvement de fuite, mais une fragmentation de l’attention, exacerbée dans notre monde contemporain saturé d’informations.


Cette incapacité à domestiquer notre conscience nourrit l’illusion que nous sommes déconnectés du moment présent. Pourtant, c’est précisément dans le présent que se joue ce va-et-vient incessant entre les temporalités : nous passons du souvenir à la projection, du livre au smartphone, d’une discussion à table aux breaking news du journal télévisé.


Néanmoins, c’est aussi dans ce même présent que réside, à chaque instant, la possibilité de revenir à un seul point, de se recentrer.


Le présent est à la fois ce qui nous échappe constamment et ce qui nous est toujours offert. Peut-être le véritable défi n’est-il pas de saisir l’instant, mais de l’accueillir, dans toute son impermanence. Car le présent, par nature, n’a ni épaisseur ni durée ; il est mouvement, transition, surgissement. Vivre l’instant présent, ce n’est pas le figer, mais apprendre à habiter cette tension, à reconnaître que l’éphémère n’est pas un défaut de l’existence, mais son essence même.

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1 comentário


arlettemerine
09 de dez. de 2024

J'ai manqué malheureusement ce rendez-vous de Café-philo et je vois que le sujet m'aurait vraiment intéressée.

En effet je crois avoir fait cette expérience de "vivre l'instant présent" grâce à la méditation zen. Ainsi le corps tout entier concentré sur une posture détendue laisse les pensées s'écouler comme bon leur semble. Cette philosophie préconise également dans la vie quotidienne le fait d'être totalement à ce que l'on est en train de faire au moment où on le fait. Non seulement on peut espérer que ce que l'on fait est fait avec application mais également, notre esprit s'en trouve comme allégé.


Voilà quelques mots que m'ont inspiré votre rapport.


Arlette Mérine

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