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Photo du rédacteurMikael Dürrmeier

Sommes-nous déterminé·es par notre environnement ? | Fribourg #12

La question d’une potentielle prédétermination de nos actes se retrouve régulièrement à travers les discussions des cafés-philo. En effet, les questions morales et politiques dont nous discutons sont liées à des actes, individuels ou collectifs, physiques ou mentaux. Ces actes nous semblent souvent influencés par des circonstances environnantes. Parfois, cependant, ils nous paraissent surtout découler d’une intuition personnelle, d’une « volonté propre ». En d’autres termes, d’un « libre arbitre ». En somme, c’est l’existence de ce libre-arbitre que nous avons interrogé lors de cette rencontre du 6 novembre 2022.

Au fil de la discussion, nous avons régulièrement évoqué des exemples d’environnements pour clarifier notre réflexion : le milieu social et familial, le milieu économique et politique, le milieu culturel et moral, religieux et spirituel, historique et géographique, etc. Toutes ces variables en constante variation – en harmonie ou en tension les unes avec les autres – ont un impact sur nos faits et gestes, nos valeurs et nos pensées. De notre physiologie à notre psychologie, notre environnement nous façonne comme nous le façonnons en retour, mouvement circulaire d’influences continues.

Ces considérations faites, la question du libre-arbitre a vite gagné en importance. « Certes nous sommes influencé·es, mais jusqu’à quel point ? », nous sommes-nous demandé·es. Se pourrait-il que tous nos actes ne soient que le produit de nos influences ? Se pourrait-il que nous ne soyons par conséquent ni plus ni moins que la somme de nos expériences vécues et qu’il n’y ait aucune part de spontanéité dans nos décisions et nos actions ?

La question suscite l’émoi, les doutes et les réactions. En effet, si nous répondons par l’affirmative, cela signifierait une chose avant tout : que nous ne sommes pas libres, que nous ne sommes que le produitspécifique – mais parmi d’autres – d’un vaste continuum dans l’espace-temps. Un produit produisant à son tour, mais vraisemblablement malgré lui.

L’idée pourrait rassurer – car si je suis moins libre, je suis moins responsable – mais elle offusque car notre identité serait alors réduite au simple résultat d’une chaîne causale, idée frustrante pour les enfants d’une société du développement personnel et de l’affirmation de l’individu

La discussion se poursuit donc pour contester, non sans efforts, ce qui nous paraît comme une crainte. On cite l’importance du hasard dans l’espoir que nous puissions en produire de nous-mêmes. Mais rien n’est moins sûr. On raconte un bouleversement inattendu dans une vie. Mais nous parvenons à imaginer ce qui pourrait l’expliquer. Une voix mentionne les théories du chaos et la physique quantique pour nous rappeler que l’Univers a sa part d’aléatoire. Mais il n’en va peut-être que de l’état d’ignorance des sciences actuelles (et de notre ignorance collective à ce sujet)…Nous stagnons dans le doute et l’absence d’arguments déterminants.

Et ce n’est peut-être pas plus mal. Une voix conclut en rappelant que, que nous soyons déterminé·es un peu ou beaucoup, totalement ou pas du tout par notre environnement, cela ne change rien de fondamental à la vie que nous avons vécu, ni à celle qui nous attend. Que nous soyons dôté·es d’un souffle propre ou toujours balayé·es par celui de l’existence, nous pourrons vivre, sentir, penser. Et croire ou non que nous sommes libres.

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