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Photo du rédacteurMikael Dürrmeier

Sommes-nous maîtres de nos pensées ? | Fribourg #26


Nos pensées, nous les formons comme elles nous forment. De ce constat naît notre question : quel contrôle pouvons-nous avoir sur nos pensées ? Pour y répondre au cours de ce café-philo, nous avons commencé par définir cette chose évidente et pourtant curieuse qu’est la “pensée”. Nous en avons retenu qu’elle désigne un flux vraisemblablement continu d’idées plus ou moins abstraites, structurées et conscientes.


Pourquoi pensons-nous ? Pour structurer notre vie intérieure et notre rapport au monde, semblerait-il. Pour faire sens ou essayer de donner un sens à ce qui nous constitue et ce qui nous entoure. Très vite, nous constatons que nos pensées produisent des structures mais, surtout, que nos pensées sont influencées par un vaste champ de structures qui nous, et donc les, précèdent. Et dans lesquelles nos pensées s’ancrent à leur tour.


Nous sommes façonné·es en continu par l’ensemble de nos vécus, lesquels sont constitués par des facteurs extérieurs (cadre social, culturel, etc.) et intérieurs (état physique, psychique, etc.). Plus nous y réfléchissons, plus il nous semble apparent que nous ne sommes probablement que la somme, la compilation, de nos expériences vécues – et plus ou moins conscientisées. Mais alors, nos pensées nos font-elles que de découler de ce qui nous précède ?


Pour répondre à la question initiale, il nous faut donc nous demander si nous sommes capables de quelque chose comme une pensée autonome. Mais l’exercice semble pour le moins difficile puisque nous réalisons que nous pensons essentiellement avec et à partir d’un langage, une autre structure extérieure et qui nous précède. L’un des fondements même de notre pensée ne nous appartient pas. Qu’est-ce qui alors nous est propre dans nos pensées ?


Il faut essayer de sauver la mise en jeu ; notre libre-arbitre. Car si rien dans nos pensées nous nous appartient vraiment et que nous ne sommes que le produit de ce qui nous précède, alors nous ne sommes peut-être pas si libres que nous aimerions le croire. Certain·es participant·es rappellent alors que nous avons parfois des pensées qui semblent aller plus vite que les mots. On évoque aussi la possibilité d’avoir des pensées créatives, inédites.


Une personne mentionne encore nos automatismes, nos réactions inconscientes et donc “non-pensées”. Mais ces arguments faiblissent dès lorsqu’on commence à soupçonner que tout découlerait tout de même inévitablement de structures préexistantes. Rien, dans la production de nos pensées – plus ou moins conscientes et structurées comme nous l’avons défini –, ne semble épargné par l’influence de nos influences…


Certain·es voix proposent alors d’abandonner la production de nos pensées pour se tourner vers notre capacité de rapport critique à celles-ci. En effet, qu’importe d’où et comment elles nous viennent à l’esprit, nous semblons bien capables de penser nos pensées, d’introspection critique, de méta-cognition. C’est de ce constat que nous avons développé des pratiques comme la méditation, la pensée positive, la psychothérapie, la prière, l’écriture introspective et bien d’autres.


Nous pouvons, par ces pratiques, reconsidérer nos pensées et développer un meilleur rapport à leur égard, rapport qui finira dans l’idéal par influencer la production même de nos pensées. L’exercice est difficile car il exige du temps, de la patience et de l’effort. Mais nous avons l’impression, à ce stade du moins, qu’il implique une certaine autonomie, une part de liberté.


Sauvé·es ? Pas sûr·es car il nous faudrait encore expliquer en quoi notre capacité (et notre volonté) de méta-cognition ne découlent pas de structures préexistantes et nous appartiennent vraiment, alors que notre constitution physiologique (et donc cérébrale) est le résultat de millénaires d’évolution et que les pratiques mentionnées découlent des enseignements d’autrui…A méditer.

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