Communiquer, nous le faisons sans cesse. Du matin au soir, des échanges parfois sans fin aux travail aux débats parfois sans fond dans les bars. En passant bien sûr par tous les échanges anodins ou passionnés envers nos proches et nos inconnu·es. Tous les jours, activement ou non, nous partageons et, par-là, faisons naître des idées, des vécus, des émotions. Et parfois des malentendus, inévitablement.
Les dernières décennies ont vu nos modalités d’échanges se digitaliser, se globaliser, s’accélérer. Gagnant en portée et en efficience, nous avons probablement perdu en recul et en prudence. Alors, dans un monde où les réactions en chaîne s’enchaînent et les polémiques se propagent, il convient de se demander quelle part de responsabilité nous avons dans la façon dont nous sommes compris·es par autrui.
Il est évident que nous avons une part de responsabilité dans tous les échanges auxquels nous participons, que ce soit en tant qu’émetteur·rice d’un propos ou comme son ou sa récepteur·rice. Ce qui est bien moins évident, et qui a fait le cœur de notre café-philo, c’est de savoir où commence et où s’arrête cette responsabilité... et là où commence celle de l’autre.
Une première distinction est (pro)posée : la responsabilité dans une communication serait partagée entre l’entité émettrice d’un message, le canal de communication de ce message et son entité réceptrice. L’intérêt de cette approche est qu’elle permet de considérer l’influence des circonstances envers chaque partie concernée. En effet, si mon message arrive trop tard en raison d’une panne de réseau, ce ne sera ni de ma faute, ni de celle de mon ami·e.
Cela semble bien. Mais où donc se situe la frontière entre ma “zone” de responsabilité en tant qu’émetteur·rice et ce qui est de l’ordre du canal ? Certes, je semble responsable de choisir le moyen le plus adéquat pour transmettre au mieux mon message à autrui, en fonction des aisances et difficultés de chacun·e. Mais le langage employé, dépend-il entièrement de notre responsabilité, sinon aussi d’un environnement commun ?
Très vite, les exigences de précisions se succèdent, sans pour autant ébranler le modèle proposé. Car il apparaît progressivement que tout dépend une fois de plus des circonstances, qu’elles soient personnelles, inter-personnelles ou encore socio-culturelles. C’est son caractère casuistique qui fait la richesse et la complexité de la question.
Quelques exemples intuitifs pour que ce texte – qui est aussi un message – soit clair malgré sa concision. Nous apprenons au fil de nos relations qu’il y a des personnes qui privilégient les messages écrits tandis que d’autres préfèrent échanger au bout du fil ou autour d’un verre. Certaines nous comprennent bien, d’autres nous demandent plus d’adaptations. Et quand les repères nous manquent, il reste les formalités, sobres et communes.
Distinguant entre la communication interpersonnelle et les communiqués publiques, entre la communication directe d’un message et les messages indirects que nous communiquent les œuvres d’arts et de littérature, nous comprenons que notre part de responsabilité relève d’un constant travail d’apprentissage et d’adaptation, progressant à mesure que nous sommes capables de prendre compte les besoins et spécificités d’autrui, sans oublier les nôtres.
Au final, c’est un juste milieu qu’il faut chercher et cultiver. Une fois de plus. Notons pour finir que cela implique inévitablement de prendre des risques, de se remettre en question, de s’adapter, de s’efforcer. C’est un exercice exigeant mais qui fait grandir autant que le contenu qu’on partage à travers lui. Et sans partage… pas de café-philo !
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