Avant d'entrer dans le vif du sujet, un participant attire notre attention sur le besoin fondamental de répondre à cette question. Si la vie était dépourvue de sens, autrement dit absurde, cela impliquerait que rien n'a d'importance, et que tout est permis.
Combien d'entre nous seraient prêts à vivre selon ce principe ? Et si le simple fait de partager ce besoin fondamental de donner un sens à la vie prouvait justement qu'elle en a un ?
Admettons. Mais quel est ce sens ? Sur cette question, deux fils de pensée se sont entremêlés tout au long de la discussion :
Les essentialistes : ces participants ont exploré différents “ordres des faits” auxquels indexer le sens de la vie. Notamment les sciences ou les religions qui, en construisant des histoires autour de certains phénomènes naturels et la vie humaine, seraient capables de leur donner un sens. En d'autres termes, il existerait une essence extérieure à l’individu, qui précéderait son existence, et que celui-ci aurait pour tâche de découvrir.
Les existentialistes : à l’inverse, ce deuxième groupe de participants a plutôt exploré la possibilité que l’Homme, dans sa liberté individuelle, puisse donner un sens à sa propre vie. En d'autres termes, il n'existerait aucune essence extérieure à l'individu qui le précéderait. Contrairement aux objets, l'Homme existerait d'abord, et devrait ensuite déterminer son essence librement.
Les essentialistes ont reproché aux existentialistes que leur conception du sens manquait de solidité : si chaque individu peut librement “inventer” le sens de sa vie, alors ce dernier n’aurait aucune importance. Pour cause, l’infime durée d’une vie humaine au regard de l'immensité de l'univers aurait pour conséquence de réduire à néant le pouvoir explicatif d'un tel sens.
A l’inverse, les existentialistes ont reproché aux essentialistes que leur conception ne laisse aucune place à la liberté individuelle : s’il existe un sens absolu, alors celui-ci doit forcément s’appliquer à tout le monde en dépit de toute adhésion. Cette conception dogmatique risquerait ainsi d’exclure tous ceux qui ne s’identifient pas à cette essence prédeterminée.
Malgré tout, l'ensemble des participants semblait converger, même inconsciemment, vers une idée commune : la question du sens de la vie est avant tout la question du sens de notre souffrance. En effet, il est rare que nous cherchions à donner un sens à nos moments de joie, de gratitude ou d'amour intense. Nous nous contentons de les vivre pleinement. Ce qui m'amène à la question : et si le sens de la vie, c’était simplement de la vivre ?
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