Que signifie réussir sa vie ? | Genève #19
- Ludivine Jordan
- 4 oct.
- 2 min de lecture
Prendre du recul sur son existence, réfléchir à son parcours et arriver, au soir de sa vie, à la conclusion qu’on l’a “réussie” : l’injonction est forte. Elle pèse sur chacun de nous comme une évaluation silencieuse, où nos choix et nos actions semblent devoir être mesurés à l’aune de critères plus ou moins implicites.
Les premiers sont ceux de la société : argent, statut, santé, condition physique, réseau d’amis, mariage heureux, enfants épanouis. Ces repères collectifs façonnent notre idée de la réussite, comme s’il s’agissait d’une liste à cocher avant la fin du voyage.
Mais derrière ces standards, chacun élabore aussi ses propres critères : des objectifs plus intimes, liés au sentiment de bonheur et de satisfaction personnelle. Réussir sa vie reviendrait alors à répondre à la question : qu’est-ce qui me rend profondément heureux, et ai-je réussi à le poursuivre ?
Certains trouvent cette réponse dans l’amour, d’autres dans le travail, l’engagement, la contemplation, ou le simple fait d’avoir goûté à la beauté du monde. Dans tous les cas, il y a cette idée d’objectifs que l’on se fixe, en accord avec ce qui nous fait du bien — et surtout, en fonction de nos capacités du moment.
Ces objectifs évoluent : une personne âgée pourra se donner pour but de rester autonome dans les gestes du quotidien, tandis qu’un adolescent voudra simplement s’offrir ses propres sorties. La réussite ne tiendrait donc pas à la taille de l’objectif, mais à la justesse du lien entre ce que nous désirons et ce que nous pouvons. Peut-être “réussir sa vie” consiste-t-il à rester à l’écoute de soi, à ajuster sans cesse ses buts à sa réalité.
Mais au fond, pourquoi faudrait-il réussir ?
Cette idée répond sans doute à un besoin de reconnaissance ou à la recherche d’un sentiment d’accomplissement. Pourtant, cette satisfaction pourrait aussi naître ailleurs — dans la curiosité, dans le mouvement, dans la simple joie d’avoir vécu selon ses valeurs, sans toujours chercher à cocher la case du succès.
Peut-être que la vie n’a pas besoin d’être « réussie » ; il suffit qu’elle soit habitée. Habitée par la curiosité, la recherche, les doutes, les élans qui nous traversent et nous font grandir. C’est précisément ce que nous faisons, ensemble, au Café-philo : suspendre un instant la course vers la réussite, pour simplement penser, écouter et se rencontrer.






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