En examinant la condition d'une personne atteinte de schizophrénie, un participant se demande : cette personne se considère-t-elle elle-même comme “folle” ? Comment perçoit-elle les individus dits "normaux" ? Existe-t-il des aspects chez chacun de nous qui pourraient être jugés comme fous par autrui ? Et sur quelle base peut-on établir ce jugement ?
L’homosexualité, par exemple, a été longtemps perçue (et l'est encore par endroits) comme une forme de maladie mentale ou de folie. Cependant, dans de nombreuses sociétés, l'homosexualité est désormais reconnue et acceptée, sinon en tant que norme, du moins comme un comportement socialement acceptable.
Cette transition illustre une compréhension souple et évolutive de la notion de folie. Mais quels sont les critères qui sous-tendent cette compréhension ?
Il apparaît que la première mesure est la différence. Serait considérée comme "folle" toute personne qui adopte un comportement s'écartant significativement d'une norme établie. Mais cela ne suffit pas. Pour qu'une personne soit jugée "folle", il faut également qu'il soit impossible de rationaliser ou de comprendre son comportement.
Considérons, par exemple, un individu se masturbant en public. Si son geste peut être compris comme visant à attirer l'attention sur une cause, à exprimer une forme d'art ou à participer à une étude sociologique, alors cette personne pourra être considérée comme provocatrice ou non-conformiste, mais pas nécessairement comme "folle". En revanche, si son objectif affiché est de s'accoupler avec une statue dans l’espace public, cette personne sera probablement considérée comme folle.
Il semble donc que le critère déterminant soit le rapport à la réalité. Est jugé "fou" celui dont la perception de la réalité diverge si radicalement de la nôtre qu'il nous est impossible de nous imaginer à sa place. Mais si nous admettons que chacun d'entre nous détient au moins une perception qui ne peut être universellement partagée, ne sommes-nous pas, de ce fait, tous le "fou" de quelqu'un d'autre ? "À un certain degré", nous rétorque un participant. "La personne considérée comme folle est celle dont la majorité des gens ne partage pas la plupart des perceptions, la plupart du temps.”
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