Dois-je donner un sens à ma vie ? | Lausanne #23
- Yann Costa

- 22 oct.
- 2 min de lecture
Nous parlons souvent du sens comme d’une donnée extérieure, alors qu’il pourrait bien être une construction humaine, une invention nécessaire pour habiter le monde.
Le débat s’est d’abord arrêté sur la double signification du mot sens : signification et direction. Donner un sens à sa vie, est-ce lui trouver une signification, ou lui tracer un cap ? Et si la vie avait déjà un sens en soi — biologique, cosmique, spirituel — pourquoi faudrait-il encore le lui donner ?
Certains ont remarqué que la finitude donne au sens sa profondeur : si la vie n’avait pas de fin, aurait-elle encore besoin de direction ? Ceux qui croient en la vie éternelle trouvent-ils plus ou moins de sens à l’existence ? Le temps, la mort, la conscience de notre limite donnent au sens son urgence et sa forme.
Le sens apparaît aussi comme lié à la responsabilité. Donner du sens, c’est répondre à la vie, l’assumer, en faire quelque chose. Mais peut-on ne pas le faire ? Le simple fait de vivre, d’agir, de désirer, n’est-il pas déjà une manière de produire du sens ? Le mouvement même de la vie semble l’exiger — un sens toujours multiple, renouvelable, jamais figé.
Plusieurs participants ont évoqué le lien entre souffrance et quête de sens : on cherche souvent à donner du sens lorsque quelque chose vacille. La douleur, la perte, la fin d’un cycle nous y contraignent. Pourtant, le sens peut aussi être un luxe : ceux qui souffrent le plus n’ont pas toujours la liberté de se poser la question. La solitude, elle, impose ce face-à-face : c’est dans le silence qu’émerge parfois cette exigence de sens.
Et puis, une intervention a ouvert une perspective inattendue : un participant a raconté combien il se sent vivant lorsqu’il danse la salsa. Ce moment de joie inutile, sans but, sans fonction, lui donne pourtant tout le sens du monde. Peut-être que le sens de la vie n’est pas à chercher au-delà d’elle, mais en elle-même — dans la beauté de ce qui ne sert à rien, dans le plaisir de créer, de bouger, d’aimer, d’être ému. Comme l’art, la vie n’aurait pas besoin d’autre justification que d’être vécue.






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