top of page

Une nation peut-elle vivre sans autorité ? | Lausanne #22


ree

L’État moderne s’est construit sur une centralisation du pouvoir, mais certains ont souligné que l’autorité pourrait aussi être décentralisée, déléguée ou même technologique – la blockchain a été évoquée comme exemple d’un système où la règle s’applique sans intervention humaine directe.


Une distinction a été jugée essentielle : le pouvoir n’est pas l’autorité. Le pouvoir est la capacité d’imposer, souvent par la contrainte ; l’autorité, elle, suppose une légitimité, fondée sur la reconnaissance. On peut se soumettre au pouvoir par peur, mais on obéit à l’autorité parce qu’on la juge légitime, qu’elle s’appuie sur le savoir, la compétence ou la confiance.


Dans une démocratie, cette légitimité prend une forme particulière : c’est le peuple qui choisit d’accorder l’autorité sur lui-même. On accepte le pouvoir central non seulement parce qu’une minorité d’individus ne respecterait pas les règles de vie commune autrement, mais aussi parce que certains projets collectifs – infrastructures, justice, protection sociale, culture, défense – ne peuvent être menés à bien au seul niveau individuel et requièrent d’être portés par la nation.


De petits groupes humains sont parvenus à fonctionner sans hiérarchie formelle, mais à l’échelle d’une nation, la question paraît plus délicate. Beaucoup ont estimé qu’il est romantique d’imaginer une société entière sans autorité, même si certains y ont vu une aspiration anarchiste intéressante : la possibilité que la confiance et la responsabilité individuelle suffisent à maintenir l’ordre commun.


Reste alors plusieurs tensions. La protection n’implique pas forcément l’autorité : on peut vouloir des règles sans accepter qu’elles soient appliquées par un pouvoir extérieur. Mais sans instance pour sanctionner leur transgression, ces règles ne deviennent-elles pas inopérantes ? L’autorité, dès lors, est-elle un mal nécessaire, ou une condition de toute organisation politique ? Et comment éviter qu’elle ne bascule en simple pouvoir coercitif, coupé de la confiance qui lui donne sens ?

Commentaires


bottom of page