L’actualité nous rappelle constamment l’existence de guerres à travers le monde. Et les violences qui en découlent. De ce contexte survient notre question : s’il est commun de souhaiter qu’il n’y ait plus de guerre, l’absence totale de violence est-elle souhaitable ?
Comme d’habitude, la définition doit précéder le jugement moral. Nous remarquons rapidement que la violence peut s’établir sur divers plans : violence physique, psychologique et verbale ; violence domestique, politique et sociale ; violences policières, etc. Elle peut se transmettre par le geste, la parole, l’écrit, la censure, l’oppression, l’occupation, la torture physique ou mentale, etc.
Une tentative de définition s’esquisse alors que les exemples s’énumèrent. La violence implique toujours deux entités : l’acteur·rice de la violence et sa victime. A noter que la violence peut être réciproque et que ces deux entités peuvent s’incarner dans une seule et même personne. Si l’on doit chercher à être en paix avec soi-même, c’est précisément parce que, trop souvent, nous nous faisons violence.
Faire violence. En effet, ces premières pensées nous amènent à remarquer que la violence découle d’un type d’acte. Et ce type d’acte est celui qui produit une contrainte, une atteinte à une liberté ou une intégrité, une douleur qui est perçue comme violente car elle n’est pas acceptée ou acceptable. Par exemple, si un·e agent·e de police nous amende pour un excès de vitesse, nous subissons une contrainte (financière) pénible mais nous la tolérons (ou devrions la tolérer) car nous sommes légitimement coupables de notre excès de vitesse. Il serait injuste de parler ici de violence policière.
De manière générale, il y a des contraintes et des situations de confrontations qui ne pas considérées comme violentes ou dont la violence est tolérée. Un tacle au football, un débat académique, la douleur d’un effort, une injure dans une pièce ou dans un film, etc. A cet égard, la marge de tolérance que nous accordons à certains actes qui pourraient être perçus comme violents dépend beaucoup du contexte et de la proportionnalité de l’acte. Un tacle est permis mais au football, un débat ne doit pas finir en insultes, une injure au théâtre ou un film peut blesser si elle s’avère réelle et sincère.
La violence peut même s’avérer légitime et souhaitable dans certaines situations, de défense ou de survie notamment. Ce constat nous permet de relever que la violence peut découler de besoins, certains ne pouvant être assouvis autrement que par elle. L’exemple classique est celui d’une personne qui blesse son agresseur·euse pour fuir sa menace. Autre exemple inattendu et mentionné durant ce café-philo, les anti-corps sont précisément des agents qui doivent détruire d’autres formes de vie pour nous protéger.
La violence peut donc être stimulée, et parfois légitimée, par des besoins. Mais elle peut aussi être stimulée par un contexte socio-politique et économique. Ici, sa légitimité dépendra des motivations que fourni ce contexte, de savoir si elles sont liées à de réels besoins ou ne sont que des prétextes soutenant une idéologie perverse. En ce sens, nous devons reconnaître que certaines violences liées à la guerre sont légitimes, ce qui ne les empêche pas de rester peu souhaitables. La violence générée par les bombes et les tirs des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale, par exemple.
A l’échelle individuelle comme collective, il y a donc des violences qui sont légitimes et, pour certaines, souhaitables. C’est une première réponse à la question proposée. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas faire de son mieux pour éviter d’une part, la violence et, de l’autre, pour la cadrer. Nous remarquons alors que c’est pour cela que nous développons, pour l’éviter, des formes de protection et de défense, des méthodes de soin et d’assurance. Et pour la cadrer, des lois et des institutions, ses agents et ses arbitres.
Nous pouvons cependant aller plus loin et nous demander si, dans une monde idéal et parfait, nous souhaiterions qu’il y ait de la violence ou non. Et probablement que oui car la violence fait intrinsèquement partie de la vie. Vivre, c’est aussi explorer, découvrir, apprendre, chercher des limites. Rencontrer, en somme. On ne peut y effacer le risque d’une maladresse, d’une confrontation, d’une violence. Cela fait partie du processus. La violence n’est généralement pas souhaitable. Mais son absence totale ne l’est pas non plus.
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