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Photo du rédacteurMikael Dürrmeier

Qu'est-ce que l'authenticité ? | Fribourg #29

Dernière mise à jour : 12 déc. 2024

Dans la recherche d’une définition, il convient de prêter attention aux interrogations parallèles que le terme à définir suscite. Car nos questions, bien souvent, portent en elles les bribes d’autres réponses. C’est ainsi qu’en voulant définir l’authenticité (d’une personne), nous nous sommes aussi demandé·es si c’était une caractéristique désirable et en quelles circonstances, qui elle concernait dans sa reconnaissance, ce qu’elle impliquait et les raisons qui semblent nous y inciter.


Un café-philo, c’est toujours l’occasion d’une esquisse, d’une prémisse. Un premier discernement collectif, qui se poursuit dans les cheminements personnels. De ce café, nous pourrions proposer la définition suivante : l’authenticité désigne un 1) alignement 2) entre l’idée qu’on se fait d’un être et son identité 3) dans le cadre de ses interactions avec autrui. Cette définition se fragmente en trois parties qu’il nous faut tenter de justifier.


Tout d’abord, l’authenticité semble impliquer une forme d’adéquation entre l’idée reçue ou construite d’un objet donné et ce qu’il est vraiment. C’est ainsi qu’on parle d’une cuisine authentique, qu’on évalue l’authenticité d’un tableau, etc. Dans le cas de l’authenticité comme qualité humaine, il nous semble plus prudent de parler d’alignement que d’adéquation, minime nuance pour indiquer que ”être authentique” tient plus souvent de la convergence que de l’aboutissement.


Une convergence plutôt qu’un caractère permanent car cet alignement se fait justement par rapport à une idée que nous nous faisons d’un être. Or cette idée n’est jamais l’exacte et entière compréhension de cet être, ce que nous pourrions désigner comme “l’identité”. En effet, l’identité implique, dans son exhaustivité, un nombre trop grand de paramètres en constante évolution (situation dans l’espace-temps, construction sociale, parcours psychologique, état physique, etc.).


Malgré les heures d’introspection et d’écoute, l’idée que nous avons d’un être est et reste toujours une image, limitée dans ses contours et sa temporalité. Ajoutons ici que nous agissons parfois en toute authenticité sans être pourtant reçu·es ainsi, estompé·es par les projections conscientes ou non d’autrui sur nous. C’est une erreur de jugement qui peut s’avérer péjorative comme avantageuse, à défaut d’être adéquate. Et de laquelle peuvent découler le dédain comme l’idéalisation.


Il nous faut aussi noter que l’idée que nous nous faisons d’une personne dépend aussi de nos conceptions des notions de “soi” et de “l’autre”, de l’importance de l’individualité par rapport au collectif et même des normes et de leur pendant contraire, les marges. D’où le troisième aspect, central, de notre tentative de définition. En effet, l’authenticité d’une personne, qu’elle soit jugée comme telle ou non, qu’elle le soit vraiment ou pas, dépend toujours d’interactions avec autrui.


Dans cette interaction, notons qu’être authentique, c’est vraisemblablement “se ressembler” mais pas forcément “s’affirmer coûte que coûte”. Une personne qui s’adapte souvent mais sans peine aux autres ne sera pas authentique si elle commence à s’imposer avec vigueur et à contrecœur. Puisque les autres ont une place centrale dans nos valeurs et jouent un rôle essentiel dans la constitution de notre identité, ils et elles ne s’effacent pas forcément dans notre authenticité.


Contrairement à ce que laissent penser certaines idées de développement personnel, nous pouvons donc être authentiques tout en nous adaptant aux autres, si tant est que cela fait partie de notre identité et nous fait du bien. Cela dit, il semble plus important de chercher à être quelqu’un·e de bien qu’à être authentique, pensée qui s’applique aussi bien au contexte pragmatique de la survie qu’au fait que nous avons toutes et tous besoin d’appartenance sociale et de reconnaissance.


Voilà pour ce bout de chemin philosophique. Mentionnons encore une dernière chose : si nous pouvons être authentiques, nous le sommes aussi et souvent malgré nous, comme le sont les enfants ou les personnes particulièrement confiantes ou insouciantes. Serait-ce ce qui rend l’authenticité désirable, dans une société privilégiée où le paraître semble primordial ?

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