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Photo du rédacteurMikael Dürrmeier

Qui est "je" ? | Fribourg #19

Dernière mise à jour : 1 déc. 2023

“Qui suis-je ?” C’est probablement la question la plus partagée entre les membres de l’espèce humaine, en tous lieux et en tous temps. Et c’est probablement aussi la question dont les réponses resteront les plus incomplètes, subjectives, et diverses.

Il faut dire que, prise avec un peu de recul, la question du jour commence par en susciter une myriade d’autres : Qu’est ce que “je” ? Pourquoi ce “je” ? Comment et de quoi se constitue-t-il ? Est-il le centre de ma vie ou est-ce une pensée à laquelle on aimerait me faire adhérer aujourd’hui ? Est-il toujours là ? S’il semble bien qu’il change, change-t-il du tout au tout, sans noyau intangible ? Et, surtout, quels liens entretient ce “je” avec autrui, cet autre “je” ?

La prudence nous incite à un peu plus de recul, à considérer nos considérations pour nous mettre en quête de réponses simples, peut-être, mais fondamentales. Des bases larges et communes, d’où pourrons se bâtir des pensées plus spécifiques ensuite.

“Je” est un sujet. On y renvoie par des termes comme : moi, égo, subjectivité, (in)conscient, intériorité, conscience (de soi), développement personnel, etc. Basique, pragmatique.

“Je” est capable de se concevoir son existence, d’avoir conscience de soi. “Cogito, ergo sum”, dit la plus célèbre des déduction philosophiques. Effectivement, mais la conscience de soi, un exercice individuel et instantané, ne doit pas être confondue avec la connaissance de soi, un exercice participatif – puisque nous nous définissons aussi largement par le regard des autres – et interminable.

“Je” est constitué d’ensembles d’influences entremêlées. Des ensembles que l’on désigne par des termes comme : expériences sensibles, expériences physiologiques et psychologiques, corps, souvenirs, décisions, construction sociale, croyances, savoirs, biais de genre, stéréotypes, valeurs, etc.

Du début à sa fin, “je” est fait et constamment transformé par un réseau complexe et enchevêtré de paramètres personnels et extérieurs qui, chacun à sa façon et en lien avec les autres, le façonnent. Qui de nous ou d’autrui, au sens le plus vaste du terme, a le plus d’influence là-dedans ? Probablement l’autre qui nous précède, nous dépasse et nous succède toujours, n’en déplaise aux partisan·e·s du développement personnel.


“Je” est donc défini par tous ces influences propres et externes qui le façonnent. Mais, dans un élan de connaissance de soi, “je” se définit par le regard qu’il porte sur ce tout. Du moins, sur ce qu’il parvient à saisir de ce tout, saisissement qui passe surtout par le regard des autres.

Voilà une grossière esquisse qui nous permet de distinguer entre la constitution de soi, la conscience de soi et la connaissance de soi. Il faut maintenant considérer l’évolution de ce “je” qui sans cesse se transforme. Car les définitions qu’il parviendra à poser lui-même ou qu’on lui attribuera sont dynamiques, fluides, en évolution perpétuelle. Au point de se demander : y a-t-il seulement quelque chose de permanent dans ce mélange d’actes, physiques et mentaux, vécus et subis, continuellement ?

Pas sûr. Certaines personnes changent du tout au tout, et parfois plusieurs fois en une vie. Et ce sont pourtant toujours “les mêmes”. Une expérience de pensée comme celle du bateau de Thésée – transposé à l’exemple d’une rivière lors de ce café-philo – nous permet de sonder la question. Nous en tirons pour conclusion que si nous changeons continuellement, seule la trace d’une continuité nous semble garantie comme permanente, cette impression que “je”, au présent, est lié à son passé et le sera au futur.

Pour finir, pourquoi s’interroger sur ce “je” qui de toute façon échappe même à celui ou celle qu’il littéralement l’incarne ? Parce que plongé·e·s dans un monde de relations à soi et à l’autre dynamiques, denses et rétroactives, chercher à se connaître permettrait de mieux se comprendre, donc d’agir plus vertueusement et, suivant notre propos, de devenir meilleur, pour agir un peu mieux ensuite. Un cercle vertueux en somme.

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