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Photo du rédacteurYann Costa

Peut-on se fier aux apparences ? | Lausanne #12

Il était une fois deux randonneurs qui, au cours de leur promenade quotidienne, observaient de loin un troupeau de moutons fraîchement tondus.


– "Tiens, pas plus tard qu’hier, ces mêmes bêtes étaient encore couvertes de laine. Le berger a fait preuve d’une grande efficacité en les tondant en une seule soirée", s'étonne le premier.

– "Pour ma part, je ne vois que des moutons à moitié tondus", répond son compagnon de marche.

– "Comment ça ? Il est évident qu’ils sont rasés de près."

– "As-tu pris le soin de vérifier que chaque côté des moutons a bien été tondu ?"


Cette anecdote, qui pourrait sembler triviale, soulève un point essentiel sur la nature humaine : nous avons tendance à porter des jugements basés sur les apparences plutôt que sur des observations exhaustives.


Cela s'explique simplement : au quotidien, nous sommes amenés à prendre des centaines, voire des milliers de décisions, souvent en quelques secondes seulement. Nous sommes ainsi programmés pour interpréter le monde qui nous entoure à partir de signaux que nous évaluons sur la base de nos instincts et nos expériences passées.


Toutefois, cette méthode pose au moins deux problèmes :

  1. L’autre peut manipuler son apparence afin de me tromper ;

  2. même si l’autre ne me trompe pas, les biais inhérents à mes sens et mes intuitions peuvent m’amener à me tromper moi-même.


Reste que les apparences (du latin apparere, "ce qui apparaît"), bien que souvent critiquées pour leur superficialité, constituent notre premier contact avec la réalité. Elles sont le liant par lequel nous engageons notre rapport au monde, et à partir duquel nous pouvons, si nous le désirons, en approfondir la compréhension.


D’aucuns pourraient conclure que nous n'avons d'autre choix que de nous fier aux apparences. Qu'il n'existe aucune alternative à laquelle se fier, et que derrière chaque apparence se cache une autre apparence.


Dans ce cas, quitte à se fier aux apparences, tâchons au moins de ne pas nous laisser convaincre par la première impression. C'est précisément ce qui s'est produit lors de ce café-philo : alors que certains étaient initialement découragés par la banalité apparente de cette question, ils ont fini par en savourer la profondeur.

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